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Odile Caradec
Odile Caradec a publié de nombreux recueils d'une écriture inventive, pleine d’élans vers le monde, Ses poèmes d’émerveillement savent aussi être graves et parler de la mort, mais son humour n’est jamais désabusé et son monde, plein d’une généreuse vitalité, se fortifie des « mots les plus goûteux ». Quant à son âge, il est celui de la « naissance ininterrompue ». Lecture de « Chats, dames, étincelles » ,
Bernard Mazo
Jean-Claude Tardif
Georges Drano
Une lueur dans le buisson des mots
Milan Kundera publie
Dans cet essai, d’Anatole France à Malaparte, de Francis Bacon à Schönberg, en passant par Rabelais, Césaire, Carlos Fuentes, Garcia Marquez, Philip Roth, etc., Milan Kundera rend hommage aux artistes qui incarnent la résistance à l’horreur et à l’oubli.
« Erosion du silence »
Ghislain Ripault :
Une écriture sous tension
Il vient de publier « De l’abîme ordinaire »
En hommage à Jacques Zabor
C'est à un comédien, Jacques Zabor (1941-2007), que Werner Lambersy rend hommage avec son dernier livre, qui porte pour titre le nom de cet acteur disparu en 2007.
Publié par Le Moulin de l'Etoile, cet ouvrage qui a fait l'objet d'un tirage limité à 100 exemplaires (et d'une seconde édition limitée à 70 exemplaires) est en fait composé d'un seul long poème accompagné d'illustrations de Tudor Banus, d'un dessin original de Otto Ganz, d'une notice biographique et d'une photo (ci contre) signée Louis Monier. « C'est par surprise qu'il est tombé dans la mort », écrit Werner Lambersy, dont plusieurs textes sont devenus des spectacles poétiques grâce au talent de celui qui a joué sur les planches et devant les caméras, mais aussi réalisé des mises en scène et conçu des spectacles.
« Une éclipse non prévue
L'a dérobé comme l'ampoule
D'une minuterie
Qui n'aurait pas compté assez
Large pour la vie. »
Quelque chose cependant tient tête à la mort, qui doit aux paroles portées, « quand face à face / Debout dans la force du texte / Il fait obstacle / de son art à l'horreur ». Et le poème d'assurer :
« Mais il est là
Comme l'eau dans un puits
Inépuisable
Que la poulie de la parole
La corde usée du souvenir
Et le reflet
Dansant au creux du seau
De l'épiderme
Peuvent seuls permettre
De monter
Jusqu'aux lèvres »
(Le Moulin de l'Etoile. 37, Le Gros Chêne. 41160 Busloup. 23 euros)
Au théâtre et au cinéma
Comédien, alternant plus d'une centaine de premiers et seconds rôles, Jacques Zabor a participé à une dizaine de films au cinéma et tourné pour la télévision une quarantaine de téléfilms ou séries.
De 1983 à 2003, au théâtre, il joue, notamment, sous les directions de : Claude Yersin (En attendant Godot) ; Jean-Claude Drouot (Kean - Le Misanthrope) ; Michel Dubois ; Gérard Desarthe (Le Cid) ; Dominique Ouéhec (Médée) ; Christian Schiaretti ; Solange Oswald ; Jean Danet ; Régis Santon ; Gérard Vergez ; Daniel Benoin ; Jean Bouchaud ; Martine Logier etc. Nomination aux Molières dans la catégorie « meilleur acteur dans un second rôle » avec Becket ou l'honneur de Dieu de Jean Anouilh ; Michel Roux (Soins intensifs de Françoise Dorin) ; Véronique Vella (La fausse suivante de Marivaux)...
En 2004 il a joué dans Souvenirs fantômes d'Arnold Wesker, mis en scène de Jacques Rosner, Le roi se meurt de Ionesco, mise en scène de Georges Werler (théâtre Hébertot, tournée Pascal Legros -Molière du meilleur spectacle privé en 2005) puis, en 2006, La dernière nuit pour Marie Stuart de Wolfgang Hiedelscheimer, adaptation et mise en scène de Didier Long.
Il a réalisé quelques mises en scène (Hugo, Goldoni, Ionesco, Mirbeau, L. Marie Sagnières...) et conçu des spectacles poétiques : Changer sa règle d'existence (René Char, Festival d'Avignon, 1990) ; La maison d'école (René Guy et Hélène Cadou, 1993) ; Architecture nuit (Werner Lambersy, Maison de la poésie, Paris, 1996) ; Les poètes (Louis Aragon, Les mots parleurs, 2002 -Valérie Delbore) ; Hommage à Louis Aragon, (journal L'Humanité) ; Pablo Neruda (Les mots parleurs) ; Rubis sur l'ongle et Maîtres et maisons de thé (Werner Lambersy, Les mots parleurs / Lire en fête, 2003) ; Tu dois accepter la loi générale du banal (Werner Lambersy - Printemps des poètes de Bourges, La Halle-St.-Pierre à Paris, Lourdes, Bruxelles... 2007) ; Festival de la correspondance de Grignan (Grignan, 2007) ; La parole en archipel (René Char, Saint-Vigor, 2007).
Jacques Zabor est également l'auteur d'une pièce, Le principe féminin, d'après les Mémoires de l'Abbé de Choisy et d'un recueil de poèmes, Champ nu (épuisé).
Photographie de Louis Monier
Né à Toulouse, de parents exilés républicains espagnols, Progreso Marin s'est fait connaître par les ouvrages qu'il a consacrés à la mémoire de l'exil espagnol. Notamment celui consacré à sa mère, « Dolorès, une vie pour la liberté » publié en 2002, aux éditions Loubatières (une version catalane est parue en 2007). En 2005, « Exil : témoignages sur la guerre d'Espagne, les camps et la Résistance au franquisme », a poursuivi dans cette voie pour donner la parole à ces "Oubliés de l'Histoire". Et son dernier ouvrage, « Exilés espagnols, la Mémoire à Vif » (ed.Loubatières) paru en mai 2008, se veut à nouveau un vaste panorama de l'odyssée pour la liberté des Républicains espagnols. Sensible aux luttes sociales, Progreso Marin a également consacré un ouvrage (en collaboration avec Violette Marcos) au mouvement social de 1936 sous le titre : « 1936 :Luttes sociales dans le Midi », toujours aux éditions Loubatières (mai 2006). Egalement poète, il a publié un recueil, « Ecluse suivi de Buées » en décembre 2005 aux éditions N & B et devrait un publier un nouveau prochainement, sous le titre « Herbier des jours ». Il assure actuellement de nombreuses conférence sur la guerre d'Espagne et la Retirada.
Il a fallu à Progreso Marin cinq années de quête, de rencontres souvent très émouvantes, de dialogue et de recueil de témoignages pour élaborer son dernier ouvrage, « Exilés espagnols, la Mémoire à Vif ». Une écoute attentive, qui permet certes de recueillir des informations sur ces terribles moments de la défaite, de la fuite et de l'exil, puis du passage de la frontière et du marquage dans les camps d'internement français, mais qui permet aussi de reconstituer des destins individuels, une multitude d'histoires d'exil et d'intégration, de traumatismes, d'injustices et de solidarité et, malgré tout, d'envie de vivre et de poursuivre la lutte (notamment au sein de la Résistance).
Ainsi, à travers les flash de la mémoire comme des confidences ou de plus modestes anecdotes, des drames prennent corps et prennent vie. De la bataille de l'Èbre à la Libération de la France, de la Retirada aux camps de la mort, de la Résistance aux prisons franquistes, l'ouvrage constitue un panorama de cette époque tragique et de l'odyssée d'un peuple forcé à l'exil. Formé dans cette mémoire, Progreso Marin mêle aussi quelques souvenirs personnels à ceux des personnes interrogées (plus d'une soixantaine), notamment sur les lieux chargés d'histoire, comme le Ciné-Espoir à Toulouse, ville qui fut rappelons-le la capitale de l'exil républicain espagnol. Un livre pour transmettre, qui se veut aussi une ode à la résistance des peuples.
(270 pages. 23 euros. Ed. Loubatières) »
Progreso Marin multiplie actuellement les interventions et les conférences. Voici quelques dates.
Dans le cadre du festival Festam :
Rencontre avec Progreso Marin et Thomas Jimenez : musique/ecriture sur la Guerre d'Espagne et la Retirada, le mercredi 20 mai à 18h30, librairie Floury frères, 36 rue de la Colombette. A Toulouse.
Le vendredi 29 mai à 21 heures, Utopia Tournefeuille (31): film de Emilio Navarro « De la Retirada a la Reconquista » suivi du conte musical « Si Guerre et Revolution d 'Espagne m'étaient contées.... » avec Progreso Marin et Thomas Jimenez.
On peut également se rendre sur son site : http://www.progresomarin.net./5.html
et lui écrire: progreso.marin@wanadoo.fr
«1936, luttes sociales dans le Midi »
Article paru en aoùt 2006
Violette Marcos est agrégée d'histoire, auteur d'une thèse de doctorat sur le PCF et l'antifranquisme. Progreso Marin, a écrit plusieurs livres sur l'Espagne. En cette année de commémoration du Front populaire, ils ont conjugué leurs talents pour signer "1936, luttes sociales dans le Midi".
Analysant d'abord la crise des années trente, sociale et politique, les divisons du monde syndical, mais aussi les aspirations unitaires du mouvement ouvrier, les auteurs montrent comment peu à peu les conditions d'une élection du Front populaire ont été réunies. Puis ils évoquent les grandes grèves et les accords de Matignon, avant de donner la parole à des témoins et des acteurs de cette époque qui a marqué durablement l'imaginaire collectif.
Doté d'une riche iconographie, l'ouvrage est axé sur le Midi et la région toulousaine, avec de nombreuses pages consacrées à la Haute-Garonne et aux départements limitrophes. Les témoignages des acteurs locaux de l'époque - militants syndicaux, ouvriers, etc. - donnent à ce livre une dimension de proximité qui confère à la grande Histoire beaucoup de chaleur et de vérité humaine.
Les photographies d'époque, nombreuses, présentent les manifestations qui se succédaient alors, devant la Bourse du travail, rue Alsace, au Capitole, etc. On y découvre les ouvriers bras croisés sur leur poste de travail, poing levé pendant les occupations d'usines (Latécoère, métallurgie) ou le dépôt de la STCRT (bus) que les traminots avaient investi. Mineurs de Carmaux, ouvriers des fours à chaux d'Albi, mais aussi garçons de café de Toulouse y ont toute leur place. Sans parler des portraits et des reproductions d'affiches et de tracts. L'accent est également mis sur les actions de solidarité avec l'Espagne en guerre. Mais aussi sur la joie qui régnait entre grévistes avec la dignité retrouvée. Et sur l'ouverture culturelle que représenta 1936, par exemple à travers l'essor des Auberges de jeunesse, ou la constitution d'une mémoire des luttes partagées toujours vivace.
«1936, luttes sociales dans le Midi». Nouvelles éditions Loubatières. 120 pages. 23.50 €
Ecluse, suivi de Buée Editions N & B
Article paru en juin 2006
Progreso Marin s'est fait connaître par les ouvrages qu'il a consacrés à la mémoire de l'exil espagnol. Cette fois, c'est la poésie qui le requiert (il lui consacre d'ailleurs une émission régulière sur Radio Mon Païs). Ses vers (libres) sont brefs, minimalistes, ses poèmes partant d'une réalité (les écluses, la buée sur les vitres, etc.) développent une métaphore pour livrer en des images rapides un peu de vérité objective et surtout des bribes d'une réalité plus profonde, du sang, de l'inconscient, de la mémoire (« Le passé / pousse / il ne faut / lui céder / que ce qui fait / sève. » Ainsi la parole, comme l'être, « se canalise ».
Se portant « à la rencontre des jours », il ne cède pas au lyrisme pour autant, se méfiant même des apparences (comme cette blancheur du cerisier « avec un air de mariée trop belle » qui ne peut faire oublier que « rôde le deuil ») et préférant saisir des vérités plus secrètes au passage des hirondelles (« traits noirs de l'utopie ») ou dans la maison où « le temps raccourcit sa corne ». L'enfance se glisse aussi dans ces poèmes et, bien sûr, l'Espagne meurtrie avec l'image du père. Mais loin d'engager un repliement, les mots « repoussent l'espace ». Et nous encrent ici bas. A l'instar de « la pompe des rêves » qui n'est pas fuite mais « amorce le réel ». (88 pages 11 €)
Michel Baglin