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11 avril 2009 6 11 /04 /avril /2009 16:50
Jean-Noël Guéno : quelques poèmes  


Jean-Noël  Guéno est né le 3 janvier 1955 à Saint Michel-Chef-Chef (44). Il est professeur de Lettres en Loire atlantique.  De 1980 à 2000, il fut co-animateur de la revue et des éditions « A Contre-Silence». Depuis 1992 il anime « Moraines », une lettre aux amis en poésie, lettre actuellement en sommeil.
Parmi ses publications, on notera :

Tenures - Ed. A Contre-Silence (1985), Dessins de Cécile Nivet

En prise directe avec la Terre - Ed. A Contre-Silence (1989)

 Vacances du coeur - Ed. A Contre-Silence (1996) Encres de Lewigue

Une courbe dans l'été - Ed. Alain Benoît (2000) Dessins de Pierre Cayol

Jean Rousselot,  un poète à l'écoute des hommes et du monde  Ed Info / Poésie (1985)

L'Etoile pour la faim (2004) Gros textes éd. Encres de Lewigue

 

Jean-Noël  Guéno a également participé à diverses revues et publications comme : Agenda Rétroviseur, Ar Men, Écrit, Folium (Orpailleur Ed.), Froissart, Gros Textes, Liseron, Spered Gouez, Traces, 7 à Dire... Bretagne, raconte-moi la mer (Photographies de Pascal jaugeon, Ed Sîloë)...


Quelques poèmes


Je lis Malrieu

au jardin

dans la chaleur d'été,

soif épanchée

dans sa maison de feuillages

 

Frondaisons profondes

de la parole

 

Chant ruisselant

au midi

des hectares de soleil

 

Soudain les roses ploient

alanguies

sous le poids de l'été

offertes

au  nom secret

de l'amour.

***

                                   A notre éternelle jeunesse...

 

A vélo dans Nantes endormie.

 
Sac bistre : « Gardarem lo Larzac »,

s'y entassent les vertiges de Reverdy

saisis le matin même

au cours d'Yves Cosson, l'ami.

 
Sac jeté dans la sacoche

flanquée d'un « Sauver les bois,

les talus et les haies,

c'est aussi sauver l'homme ».

- Serait-ce si simple vraiment ? -

 
Je pédale à m'en décrocher

les jarrets

dans la nuit glaciale

amples cheveux au vent

qui me scie les reins

et la pulpe des doigts.

 
Quai de Versailles, au pont,

feu rouge.

Pied à terre.

A l'affiche « Les doigts dans la tête »

de Jacques Doillon.

 
Hasard ?

Je songe alors à vous

qui me ravitaillez

dans mes étapes au long cours

et m'aidez à tenir la route, debout,

malgré les coups de Jarnac

désespérés du passé.

 
Cœurs ouverts.

Dans nos mains le monde à changer.


Extrait de "L'Etoile pour la faim"  


****

               Aux amis Jean Rousselot et Lewigue, in memoriam.

 

 

                                                (De retour de Paris dans le TER Nantes - Pornic)

 

Sur les vignes vieilles, le soleil décline les intimes variations du bonheur.

Un panneau, une vague aubette : un arrêt simple dans les prés.

Eaux, chênes, landes, chicots de brûlis, cendres dans le vent.

Fermes basses, usées, portes vermoulues encadrées de briques.

Rebord de fenêtre : chat docile qui guette l'arrivée de la nuit.

Les jardins livrent leur poids de secrets. 

 

Une voix enregistrée, aseptisée, égrène la litanie complète des arrêts à venir.

Terres en friche, moulin sans ailes dans le squelette des arbres.

Auto rouillée, désossée, contre un talus chétif : abri déglingué des poules.

Cochons gras dans le sentier boueux des vaches.

Lourdeur de la terre, poids de l'heure immobile.

 

Le voyage dure une éternité. Le pays semble arrêté. 

La nuit même attend, pour s'installer, on ne sait trop quel signe,

que n'oseront pas les voyageurs, indifférents.

 

Bourgneuf (-en-Retz), vieux bourg de Cadou.

Café « Au quai fleuri », sans la moindre fleur qui vaille.

La motrice meugle dans le soir.

Un ragondin péniche et tangue dans l'étier.

 

La mer, enfin, bleu tendre, aux Moutiers.

Orange, le disque, sur Noirmoutier,

double sur la vitre du train.

 

Avant Pornic, La Bernerie,

où vous vîntes, cher Jean Rousselot, le 5 décembre 1950,

visiter votre ami René Guy Cadou

avant son grand départ.

 

La vie n'est-elle donc que croisements, arrivées, départs

avec des haltes éphémères,

comme celle que nous vécûmes hier, à L'Etang-la-Ville,

avec notre ami Lewigue, peintre fulgurant, au geste large,

au regard vif et clair ?


Il nous faudrait cheminer au rythme

- immuable depuis les années 30 -

de ce train desservant, paisiblement, dans le soir,

les bourgs assoupis,

sans hâte d'arriver au terme,

seulement soucieux de vivre et de s'offrir

ces paroles qui sont en nous comme des perles.

 

                                                                  Inédit

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