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8 avril 2009 3 08 /04 /avril /2009 18:45

Christian Saint-Paul met les poètes en ligne  et sur les ondes

  

  De la revue à la radio et à la publication de ses propres textes, Christian, Saint-Paul, poète toulousain, défend et illustre la poésie avec ferveur. Son dernier recueil, "Les plus heureuses des pierres", vient de paraître.


La poésie, Christian Saint-Paul la pratique sous toutes ses formes. Et ce n'est pas d'hier !  Élève du lycée Berthelot, à Toulouse, dans les années soixante, il avait créé sa revue, «Florilège», avec un autre poète, Michel Eckhard. Brel avait accepté de les parrainer, ce qui leur avait valu de le rencontrer plusieurs fois et d'obtenir du chanteur alors en pleine gloire une interview exclusive! Puis c'est un autre ami, le peintre Michel Battle, qui crée le Cratère, où il fait venir des poètes. Des amitiés naissent, avec Claude Saguet, Gaston Puel. Nous sommes encore avant 68, Christian Saint-Paul, lui, entre à Science Po, mais s'engage aussi dans la lutte anti-franquiste, de façon active.

La passion de la poésie ne cesse pas pour autant de l'habiter, bien au contraire. Il crée une revue, «Poésie toute», qu'il veut éclectique pour rassembler tous les courants d'une poésie en plein regain. Plus tard (1983), il ouvrira «Le carnet des Libellules» où il publiera de nombreux auteurs.
Une série de conférences sur R-G Cadou l'emmène en Israël, il rencontre également Félix Castan qui lui révèle son ancrage occitan (c'est pourquoi l'un de ses derniers ouvrages, un long poème sur Toulouse, «Tolosa Melhorament» a été remis aux officiels lors de l'inauguration de l'Oustal, la maison dédiée à la culture occitane, à Toulouse).

D'abord greffier au conseil des prud'hommes puis cadre à la DRH de la mairie de la Ville rose, Christian Saint-Paul bâtit aussi son œuvre propre, riche d'une quinzaine d'ouvrages, de «L'Homme de parole» (Caractères éd.) à «L'Enrôleuse» ou au dernier, «Les plus heureuses des pierres» (Encres vives éd.). En parallèle, et depuis plus de 25 ans, il anime une émission, «Les Poètes» (le jeudi de 20h30 à 21h) sur Radio Occitanie (98.3 Mhz) avec son compère Claude Bretin. Tous les poètes de la région y ont été invités, mais de nombreuses émissions ont été consacrées à la poésie du monde. On peut les réécouter (voir liens Radio Occitanie).

  

Un recueil : L'unique saison

  L'unique saison, la seule qui vaille, nous dit en substance Christian Saint-Paul, est celle des amours, quand « la sève honnête du désir » nous ramène à l'essentiel. Nous rend à la vie et, peut-être, à soi-même. C'est assez dire, en filigrane et à contrario, qu'on s'en éloigne dans la traversée ordinaire des jours, les tromperies de l'habitude, « parmi ceux qui s'arrogent / l'apparence des choses ».

Ces poèmes d'enthousiasme, qui rendent à Éros sa primauté à la source du chant (car ils rappellent que « les élégies des oiseaux / sont chants de lutte / et défis de mâles »), sont donc aussi des poèmes de résistance : à l'atonie, à l'usure, aux apparences. Le corps, bien sûr, se dit ici dévêtu et « comme unique décor / comme unique loi », corps dans le plaisir, l'exaltation, le réduit des chambres et du face-à-face. Mais ce corps-là n'occulte pas le reste, ne fait pas écran, bien au contraire - « Nous ne nous détournons plus » écrit Saint-Paul qui note ailleurs que les corps repus, « par leur apaisement même » attisent notre lucidité.

Corps à vif donc, qui érotise, avive toute forme de relation à l'environnement et qui est sans doute l'autre nom de la passion. L'exaltante et douloureuse passion, qui fait souffrir de l'absence et du dépit (« pour prix de ton silence / te jeter comme un galet à la rivière / avec l'élan qui tend / la corde des pendus ! »), mais aussi renvoie le vivant à son vertige après l'amour, face à « la distance tragique du plaisir envolé ».
Éros n'est qu'aiguillon, exhortation à vivre et l'amour alors se joue parmi les autres, leurs gestes et leurs peines (le dernier poème renvoie à l'explosion d'AZF à Toulouse, aux fenêtres brisées d'Empalot), dans le chaos du monde. « Demain les journaux apporteront / les nouvelles de la guerre. »                                    M.B.


(Poésies Toutes éd. 33, rue des Libellules. 31400 Toulouse)


Pour écouter une émission de Christian Saint-Paul,
rendez-vous sur son site en cliquant
ici


 

 

Christian Saint-Paul en studio
avec G. Cathalo et M.B.









"Les plus heureuses des pierres"  
une lecture d'Alain Lacouchie

 

Et pourquoi faut-il justement que ce soit en ce jour de Saint-Valentin que j'aborde ce recueil ? Pourquoi cette dédicace à Isabelle (Isabel ?), en première page ? Pourquoi je, tu et nous, «notre duo » ? Parce que : «Par la parole / je te constitue souveraine du ciel » ? Parce que : « Nous allons ériger notre amour / dans le roc du jour à venir... » A se laisser emporter par ce véritable chant d'amour, émouvant à frémir, sensuel à se troubler : « Je me drape dans tes épaules / pour sombrer léger sur tes hanches / toi et moi fondus dans la mélasse du soir. » et « Nous dévalons les ruelles en pente du plaisir. »
Nous vibrons au plus près des moments essentiels, dans les mouvements d'un imaginaire tendre, d'une intimité ; nous sommes les spectateurs et en même temps nous sommes emportés par cette romance. En tous lieux (Oradour-sur-Glane, Saint-Cirq-LaPopie), en toute circonstance, surgit ce couple ; et le couple s'ouvre de leur fille, Aurélie (poétesse, elle aussi ! voir ses deux recueils à Encres Vives) : « riant avec notre fille / toutes deux égarées d'innocence. ».
Des instants de bonheur comme les pierres du chemin qui sont presque éternelles ? Derniers vers : «Du chemin nous sommes / les plus heureuses des pierres. »
Un recueil qui bat simplement, à l'image du style de l'auteur, mais qui bat fort au rythme des images fortes qui éclosent tout au long des pages. A lire !
                            16 pages  6,10€. Editions Encres Vives. 2 allée des Allobroges. 31770 Colomiers.

Alain Lacouchie


Une lecture de Gilles Lades

 

Ce recueil procède d'une voix grave et confidente. Un homme émerge de son passé et s'interpelle avec une lucidité sans amertume. Et sa compagne, compagne de vie, compagne de mémoire, compagne d'attente et de désir laisse deviner sa présence intime et décisive :

« c'est l'heure où ta main fidèle

apaise l'impérissable peur ».  

Le ressaisissement de la vie à la lumière de l'amour célèbre la quintessence des instants heureux sans dissiper les images de notre destinée. « L'arbre tutélaire » du jardin, choyé d'inquiétude, « l'esprit fantasque d'un air populaire » gardé dans un coin de l'attention, ne font pas oublier que

«  la nuit douloureuse chuchote

 dans la solitude des tombes ».

Ce recueil/poème dédié au couple, hymne et élégie, est traversé par la métaphore passionnelle. Occurrences du feu pour « nos joutes affamées ». Et la certitude gagnée :

« jamais plus notre amour ne sera malhabile ».

La femme, forte de son « estivale présence », sauve le poète de l'aridité rencontrée dans l'écriture :

« ces paroles qui m'attendent

 abasourdi de leur tête-à-tête

qui languit quelque temps

dans un ténébreux hiver de la poésie ».

Cette œuvre commune de l'homme et de la femme, Christian Saint-Paul nous la dévoile à travers sa parole rythmée par la ciselure et le profil toujours renouvelés des strophes. Les images sont fortes et franches (« le règne noir / de la blatte », « les ruelles en pente /  du plaisir », « le roc du jour à venir », et chaque poème campe une nouvelle perspective: « Du chemin nous sommes / les plus heureuses des pierres », ce chemin qui se redresse avec le pathétique des espérances hasardées.

Gilles LADES, écrivain, poète, critique.








 

 

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